À Cayenne, plus de 8000 Guyanais scandent «Nou bon ké sa !» («on en a marre !»)
- Par Nicolas Mézil
- Mis à jour
- Publié
REPORTAGE
- La mobilisation «ville morte», mardi, a envoyé un message d'unité et
de détermination au gouvernement. Le ministre de l'Intérieur, Matthias
Fekl, et la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, se rendront sur
place ce mercredi.
À Cayenne
«Énorme»,
«la plus grosse manifestation jamais organisée en Guyane». C'est ainsi
que la préfecture a qualifié les rassemblements qui ont réuni mardi près
de 15.000 habitants du territoire. Dès 7 heures du matin, les peuples
autochtones, bushinengués et amérindiens, sont les premiers à se
mobiliser à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni, dans deux cortèges
réunissant une centaine de personnes chacun. Ils réclament notamment le
droit à la propriété de leurs terres et un meilleur accès aux soins,
difficile dans les communes de l'intérieur de la Guyane.
«Les
centres de santé, sur le Maroni, sont dans un état de délabrement
important, explique Alexandre Sommer-Schaechtelé, secrétaire général de
l'organisation des nations autochtones de Guyane. Le personnel est à
l'abandon, il n'est pas suffisamment encadré et pas assez formé aux
connaissances traditionnelles de ces cultures différentes.» Les
populations autochtones traversent le centre-ville avant le cortège
citoyen et interprofessionnel, et sont applaudies à leur arrivée sur le
lieu du départ de la manifestation organisée par tous les collectifs et
syndicats acteurs du mouvement social en Guyane.
La
marche démarre à 9h15 à Cayenne, soit plus d'une heure après le début
du rassemblement, avec la sirène de la caserne des sapeurs-pompiers
située à quelques pas. Une véritable marée humaine se déverse alors dans
les rues de la ville capitale. Plus de 8000 Guyanais entonnent le
slogan «Nou bon ké sa!» («on en a marre» en créole guyanais). Beaucoup
sont émus de voir une telle mobilisation: «C'est une première, cela
témoigne bien du malaise, du ras-le-bol des Guyanais», témoigne Gérard
Désiré, habitant de Cayenne.
La
foule avance à bonne allure vers la préfecture, remontant l'avenue
Charles-de-Gaulle, l'artère principale du centre-ville de Cayenne. Parmi
les manifestants, tous les métiers sont représentés, des enseignants
aux sapeurs-pompiers, des commerçants aux pharmaciens. Les avocats sont
entrés dans le mouvement depuis lundi. Le barreau de la Guyane a voté,
en assemblée générale, la grève des audiences jusqu'à nouvel ordre. 50
des 80 avocats guyanais ont défilé à Cayenne, dont le bâtonnier, Magali
Robo-Cassildé. Celle-ci justifie leur présence dans le mouvement par
leur exposition en première ligne face à la délinquance: «Nous devons
défendre, à la fois, les victimes et les auteurs de délits ou de crimes,
c'est pour cela que nous avons besoin d'une vraie cité judiciaire.»
Cette revendication est un vieux serpent de mer, puisqu'elle date de
2001. Le palais de justice de Cayenne est aujourd'hui trop petit pour
gérer le flot des affaires judiciaires.
La
foule afflue à 10h30 sur la place des Palmistes, grande place centrale
de Cayenne, puis sur l'esplanade de la préfecture voisine. La Gwiyann levé, («la Guyane est debout»), chant emblématique du mouvement, se fait entendre. L'objectif de cette mobilisation «ville morte» est
d'opérer un tour de force face à la délégation interministérielle
présente en Guyane et d'envoyer un message d'unité et de détermination
au gouvernement. «Depuis cinquante ans, rien n'a décollé en Guyane, à
part des fusées, affirme Christian, habitant de Rémire-Montjoly. On
devrait commencer à poser les bases d'un CHU, on va attendre 2030 ou
2040, ce sera trop tard.» Ce père de deux enfants s'inquiète aussi pour
l'avenir des jeunes et le retard de l'éducation dans la région: «Nous
n'avons pas assez de collèges et de lycées ici, et beaucoup trop
d'enfants arrêtent l'école très tôt et ne sont plus suivis.»
Ni le préfet ni
la délégation interministérielle n'ont rencontré des représentants de
collectifs ou de syndicats. La foule s'est dispersée dans le calme vers
11 h 30. Le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a en revanche annoncé
dans la soirée que le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, et la
ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, se rendraient sur place
mercredi.
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου
ΚΑΛΗΣΠΕΡΑ ΣΑΣ ΓΙΑ ΣΧΟΛΙΑ, ΑΡΘΡΑ, ΠΑΡΑΤΗΡΗΣΕΙΣ ΚΑΙ ΑΝΑΛΥΣΕΙΣ ΓΙΑ ΤΟ BLOG ΜΑΣ ΜΠΟΡΕΙΤΕ ΝΑ ΜΑΣ ΤΑ ΣΤΕΛΝΕΤΕ ΣΕ ΑΥΤΟ ΤΟ E-MAIL ΔΙΟΤΙ ΤΟ ΕΧΟΥΜΕ ΚΛΕΙΣΤΟ ΓΙΑ ΕΥΝΟΗΤΟΥΣ ΛΟΓΟΥΣ.
Hλεκτρονική διεύθυνση για σχόλια (e-mail) : fioravantes.vas@gmail.com
Σας ευχαριστούμε
Σημείωση: Μόνο ένα μέλος αυτού του ιστολογίου μπορεί να αναρτήσει σχόλιο.